« En tête » se présente sous l’aspect d’un volume constitué en tranches, dans lequel évoluent des ballons de baudruche qui éclatent bruyamment et sont remplacés en continu. Elle évoque le surgissement des idées et la soudaineté de leur disparition. Éjectée brutalement, chaque dépouille de ballon contribue à constituer le sol multicolore de la sculpture : une généalogie chaotique de son exposition. « Passage » semble proposer au spectateur un suspend surnaturel (héros ignifugé ; saint), mais il s’agit toujours d’une traversée : le pas en avant ou en arrière anéantit le statut de permanence qui le nimbait l’instant d’avant. Conférant paradoxalement un moment d’éternité, la pièce rappelle le caractère changeant des notions d’identité, de personnalité, de statut social, et la fragilité de leur construction. Si « En tête » avait pour sous-titre : « je pense », et « Passage » : « je suis », alors les épées et la cible seraient là pour déjouer leur trop attendue conjonction et prendre position dans le manque.