Vernissage le mercredi 7 octobre 2015 à partir de 18h30
L’exposition Bruit Blanc reste une réponse partielle à la question. De quelle question parle-t-on ? De celle que pose l’invitation faite au Pays où le ciel est toujours bleu par LAC&S- Lavitrine : La carte blanche. Faites ce que vous voulez !
Comment répondre, que construire, si ce n’est se donner à voir, illustrer et discuter ce que l’on est : une problématique collective bien entendu, des singularités certainement…
Poser chacune de ces composantes de façon à ce que chaque œuvre présentée s’inscrive dans la continuité de l’autre, quels que soient la circulation du regard et l’usage des vides. Et du risque de lisser que nenni. Garder chaque caractère et faire sens par la quantité jusqu’à atteindre l’équilibre impossible.
Bruit blanc est tout cela. « Le bruit blanc, à l’instar de la « lumière blanche », qui est un mélange de toutes les couleurs, est composé de toutes les fréquences, chaque fréquence ayant la même énergie. » Sur la maille d’une architecture duale (distribution) qui autorise le frottement entre les œuvres.
Les quatre artistes sont réunis ainsi deux à deux et de salle en salle, deux peintres (deux coloristes) et deux sculpteurs : Mazuy et Soulerin, D’souza et Pons. Leurs démarches ont en commun un intérêt certain pour l’agencement au sens littéral. Leur travaux ne sont-ils pas avant tout des combinaisons de formes et des situations narratives différenciées ? L’emboitement et la superposition sont convoqués à l’intérieur de chaque objet, jouant l’enquillement et le déséquilibre.
Ainsi, on notera la peinture sur verre de Laurent Mazuy simplement appuyée sur la vitrine d’entrée, proposant une articulation filaire de couleurs et de matières dont la lecture se dédouble. La peinture colorée d’Olivier Soulerin accumule les détournements du graphisme d’un tissu tendu en lieu et place de la toile. L’image frontale qu’elle propose, jeu complexe entre superposition de glacis et développement d’une trame géométrique, contraste avec sa tranche dont le tissu est resté vierge. Melting Rocks (roches en fusion) de Mario d’Souza oppose le dessin classique en hachure d’une masse à une ou plusieurs coulures de peinture, ramenant sur l’œuvre l’artefact de la pesanteur et du temps. La distribution à partir d’un tracé régulateur orthogonal des dessins présentés met en abîme ce que chacune des œuvres joue. Enfin, Oracle de Sébastien Pons érige au sommet d’une desserte sur roulettes, richement ornée de trois colonnettes en Bakélite de style art déco rehaussée de caryatides de couleur ivoire, un crâne en céramique amputé de sa face. A l’endroit de la couture des os pariétaux jaillit le déroulé d’une queue de cheval de cheveux châtain.
La somme des œuvres semble constituer une partition baroque. Sont convoqués moult matériaux ou gestes qu’il serait vain de citer tant ils sont nombreux : verre, peinture, papier, Placoplâtre, bois, faïence, miroir, papier peint, raphia, paille alimentaire, chaise métallique, éponge, mousse, perles, porcelaine, grès… L’ensemble s’énumère au rythme des pratiques convoquées : photographie, peinture, installation, dessin, sculpture. Ainsi nait une histoire du peu et du détail.
Dans la première salle, celle sur rue, la distribution des pièces se veut circulaire dans la profondeur de la pièce et de son plancher. Dans la seconde salle, la distribution est autre. Les couples d’artistes sont répartis en lien avec la géométrie de l’espace, un volume profond scandé par des poteaux de bois centraux placés dans le sens de la longueur. Dans la travée gauche, D’Souza et Pons, dans la travée droite Mazuy et Soulerin, se créé ainsi une suite de rapports et de perspectives, un bruit sans cesse renouvelé entre les œuvres. Ce dispositif autorise également l’intrusion… Le geste tendu de Le temps se moque de la beauté devant les monolithes de Variation libre et au travers de Variation libre le papier peint Maharani violet orné de grenades oranges de Peinture, ainsi qu’Englobe posé sur une autre Intervention libre architecturée de tasseaux rehaussés de couleurs discrètes et la fantaisie de la silhouette verticale d’Englobe sur les cuts labyrinthiques de Grenouille et Grenouille à proximité de l’articulation de papier de Peinture, et le reflet du crâne aux orbites enneigées de Matinal dans le miroir de Peinture, et dans ce même miroir celui de Hope, Grace, Joy et la lumière d’Épitaphe et I’m not perfect ou la géométrie de Sans fin entre la maille des pailles alimentaires de Hope, Grace, Joy — tel est l’un des possibles enchevêtrements dont voici les liens : Pons devant Soulerin et au travers de Soulerin, Mazuy et Pons posé sur Soulerin et Pons sur Soulerin et Soulerin à proximité de Mazuy et Pons ou D’Souza dans Mazuy et Pons et D’Souza ou Soulerin entre D’Souza.