Maëlle Labussière

Registre, 1991/2022 - Installation

Pour l’espace singulier de La borne, je souhaite mettre l’accent sur mon propos de peintre motivé par la question du comment peindre. Mon envie est d’éprouver ma pratique, insistante, toujours la même et jamais pareille. Interroger la multiplicité des propositions dans la permanence du dessein et les écarts de mise en œuvre, avec un ascétisme et une jubilation dans l’action de peindre.

Ma peinture est sans repentir, avec une économie des moyens, dans une succession d’actions simples et directes, presque mécaniques, en acceptant le résultat du protocole mis en place. Dans mes expérimentations sur les champs colorés le geste domine, minimal, et répétitif. Le vocabulaire reste réduit, la trace étant rendue visible par l’immédiateté de l’action colorée.

De par ma pratique, j’accumule des peintures roulées et dégrafées de leur châssis, issues d’expériences picturales de peintures non assumées ou ratées. Entreposées il y a quelques années dans un espace qui ne m’était pas alloué, j’ai dû les en retirer. Instinctivement, j’ai passé l’été suivant à les découper.

Ces toiles déroulées face peinture contre table, sont découpées à l’aveugle avec une matrice de 55x 55 cm. La découpe apparaît comme un recadrage, presque un zoom. Le nombre de découpes varie selon la superficie de la toile peinte. Des fragments d’années différentes se rencontrent, se succèdent, se heurtent et sont assemblés sous forme de registre. Un autre rapport au temps prend corps dans cette pile de fragments de peintures réinvesties qui est toujours en devenir.