Du jeudi au dimanche De 15h à 18h30



En savoir +

LCamille Bonnefoi

Du 14 mars au 14 avril 2024
5 rue des Grands Champs à Orléans


Les mots du monde


Camille Bonnefoi


JPEG - 2.2 Mo

Le pays où le ciel est toujours bleu
a le plaisir de vous inviter au vernissage des expositions Who’s that girl ? de Léna Durr et Les mots du monde de Camille Bonnefoi
le jeudi 14 mars à partir de 18h30.
+ Finissage de l’exposition !
Le dimanche 14 avril à partir de 15h



Dans son recueil de souvenirs, Quand j’étais photographe, Nadar évoque la curieuse théorie de l’action photographique développée par Balzac : « ..selon [lui], chaque corps dans la nature se trouve composé de séries de spectres, en couches superposées à l’infini, foliacées en couches infinitésimales…. chaque opération daguerrienne venait donc surprendre, détachait, retenait en se l’appliquant une des couches du corps objecté. » En somme Balzac concevait l’image photographique comme une pelure des êtres qu’elle représentait (non sans danger pour leur intégrité vitale…). Ce n’est évidemment pas avec de tels présupposés spirites sur le corps spectral que Camille Bonnefoi aborde son propre travail, mais, en revanche, sa technique de sensibilisation de papiers pelure n’est pas sans échos avec une conception foliacée des différentes couches à travers lesquelles « l’écriture de la lumière » se fraye un chemin. Cependant tout se passe comme si elle en avait renversé l’ordonnancement le plus communément admis. Dans son usage le plus traditionnel, en effet, le papier pelure sert de feuille intercalaire destinée à protéger l’image photographique de l’album (et par voie de conséquence il l’opacifie et la floute, il en retarde l’accès, comme pour en signifier la fragilité et le prix). Or ce qui était une protection opacifiante de l’image devient avec Camille Bonnefoi la matière sensible première, où la lumière poursuit une traversée qu’elle a amorcée dans le monde. En effet il est remarquable que les objets privilégiés par Camille Bonnefoi soient eux-mêmes des êtres naturels photosensibles et traversables : il s’agit d’arbres souvent dépouillés par l’hiver, au moment où les forêts n’opposent plus au jour qu’un fouillis graphique de branchages qui griffent la lumière sans plus parvenir à l’absorber et à la retenir. Le papier pelure, par sa texture veinée et irrégulière, collabore à cette sorte d’écriture hivernale. Et dans un certain nombre de clichés, Camille Bonnefoi semble l’avoir à la fois répétée et inversée par des striures lumineuses verticales ou horizontales, traces dont on hésite à décider si elles appartiennent à la strate du sous-bois, du papier-pelure ou de la couche sensibilisée. Rien d’étonnant si de surcroît, elle expérimente « dans l’espace » des modes d’exposition, qui échappent au mur, et prolongent la transparence jusqu’au regard du spectateur.

Laurent Jenny

Le pays où le ciel est toujours bleu | 5 rue des Grands-Champs à Orléans | www.poctb.fr | Réalisé avec spip | Se déconnecter ] | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0