« Voici venu le temps des ASSASSINS »
Rimbaud
Diego Movilla présente une nouvelle série d’œuvres conçues et réalisées pour occuper l’espace d’exposition comme un récit d’aventure au parfum 60’s. À la manière d’un jeu de société Pop’ interactif, le visiteur est conduit de tableau en tableau. La gageur pour un peintre est audacieuse. Mais elle fonctionne parfaitement. Le langage des signes et essentiellement rétinien. Pour entrer, il faut avancer et trouver sa place. L’observation attentive est nécessaire. Des personnages peuvent apparaître comme dans la série des Masques, puis disparaître. On peut ne pas les voir. Ils imposent leurs règles stricts à partir de la direction de la lumière. Faking est une œuvre qui joue avec la superposition d’écrans. Des tâches de couleurs vives se recouvrent et dessinent un motif de camouflage absolument visible comme l’on peut en rencontrer dans des bandes dessinées S. F. De la même façon que les Masques introduisaient le jeu de l’apparition et de la dissimulation, du fantomatique et de l’évanescent, Faking dissimule en faisant trop voir, en saturant l’œil. L’univers des comics américains est très présent. Les châssis explosés, sans toile tendue, sont décrochés du mur et jouent avec l’espace. Sur un côté, le bois est découpé à la manière d’un éclatement en étoile, comme une explosion. Dans une autre logique du jeu, Toc est une série de tableaux qui traquent l’illusion optique. Le rapport à l’espace passe par les effets immédiatement rétiniens des motifs qui se répètent. Le noir et blanc, découpé en petits triangles droits, scintille aussi, comme les Masques, mais de façon plus irritantes comme d’innombrables pointes hérissées. Alors la sensation visuelle offre une perception tactile virtuelle. Alors, si l’on se rapproche des œuvres pour les regarder en détail, un élément manque encore. La régularité n’est qu’apparente une fois de plus et la disparition ou l’effacement sont constitutifs de l’œuvre. Aussi, moment incontournable de l’illusion tactile et charnelle comme dans les bandes dessinées ou les jeux d’avatars, l’érotisme intervient avec sa dimension fantasmagorique S.-M. : cuir, clous, souillure blanche couvrent et encerclent les paysages naïfs de Sublime shoots. Le visiteur est convié à pénétrer dans un univers où pièges, codes et illusions se succèdent comme autant d’éléments initiatiques pour dévoiler le mystère de sa propre présence dans un lieu d’exposition.
Jérôme Diacre
Commissariat :
Le POCTB