Chloé Jarry

À l’antipode l’ordinaire, 2025

Collimateur excentré, 2019 - Azulejos sur faïence
Corbeille, Calorifère à terre, Tabourets, Patères Ciment, Balisage, 2025 - Grès


Ils sont tous les jours autour de nous. Sans cesse, nos yeux, nos coudes, nos pieds butent sur eux, sans que pour autant nous ne leur accordions d’attention. Si nous les voyons, c’est qu’ils dysfonctionnent ou parce que nous sommes en quête du confort qu’ils procurent. Ces objets du quotidien – ici radiateurs, corbeilles ou patères, ailleurs interrupteurs ou gaines d’aération – sont au cœur de la recherche artistique de Chloé Jarry. […]

Les œuvres de Chloé Jarry ne sont pas des ready-made, à la manière de Duchamp et de ses urinoirs déplacés tels quels dans des musées ou galeries. Pour elle, les objets ne sont justement pas « prêts à l’emploi ». Si ceux qu’elle choisit comme modèles sont fabriqués industriellement, les sculptures qui en résultent sont bien façonnées à la main. L’artiste joue avec les défauts ou les accidents, autant de traces de fabrication qui rappellent son geste de production. Parfois, ses mains laissent à dessein une empreinte, qui devient signe d’accroche, de prise physique ou mentale.

En moulant les objets et en les reproduisant en terre, elle les rend impropres à l’utilisation : radiateurs sans chaleur, patères sans tenu […]… Disposant ses œuvres à même le sol ou les murs, Chloé Jarry joue sur le trouble provoqué : où commence l’exposition ? Que regarder ? Cependant, l’ambivalence que l’artiste affectionne n’est pas tromperie. Le doute ressenti au premier abord s’estompe rapidement. Toujours, la matière, les formes modifiées permettent de distinguer les sculptures des vrais éléments de mobilier.

Pascaline Vallée
(extrait du texte de l’exposition Calorifère de Chloé Jarry à la Galerie 5, Université d’Angers)